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‘AAK’ - TXUN-K’IN _

                                                                                                  lacandon. Lit. «soleil en milieu de nuit»

PRISES DE NOTES POUR UN PROJET DE PERFORMANCE - JOUÉE, DANSÉE, ET DOCUMENTÉE PAR DES IMAGES.

FIGURE

du latin figura «configuration donnée, forme, aspect»

 

- Forme extérieure d’un corps, d’un être

- Visage de l’Homme

- Air, contenance, manières

- Personnage représenté dans un ouvrage

- Ce qui est regardé comme représentation, comme image symbolique ou allégorique

- Personnage célèbre

- Tracé d’un mouvement de danse

 

Globalement, le mot figure défini l’aspect extérieur de quelqu’un : le contour, la sillouette.

Le terme figure n’était pas ou peu employé avant le XXème dans le champ théâtral ou littéraire. Lorsque le théâtre est pensé comme une performance visible et audible et non plus seulement comme un genre littéraire, le personnage n’est plus conçu comme un être de fiction, mais comme un être scénique.

Le personnage devient un enjeux plastique : le corps scénique ne se limite plus à l’illustration narrative et communicationnelle mais devient une interface explorative.  Le dit, le fait et le vu sont indépendants les uns des autres.

 

Robert Abrirached trois composantes du personnage théâtral :

Le «type» par delà la destinée qui lui est propre,le personnage entre en résonance avec les représentations sociales, culturelles, politiques du piblic.

Le «masque» inscrit le personnage dans l’univers artificiel de la scène.

Le «caractère» qui donne une consistance vraissemblable au personnage.

 

 

Figure / visage : persona

 

Le masque grec (prosopon) montre et cite le personnage comme une autre personne venant se superposer à l’acteur, dans le théâtre romain (persona), il s’agit de le rendre méconnaissable, de le priver de toute identité.1

L’identité n’est plus conçue sur le mode de la répétition insistante (identité-idem) mais sur le mode de la variation et de la transformation. Cela n’engage le sujet qu’en tant qu’il assume ses devenirs-autres (identité-ispe)2.

Dans ce théâtre de masque, l’identité du personnage / de l’acteur devient désidentité.

«Il s’agit à la fois de défaire l’identification narcissique à une forme qu’on immobilise, une image-mirage statufiée (...)et d’inventer les figures plurielles, provisoires, d’une identité en mouvement : des identités.(...)

Ce qui signifie s’identifier non à une image, mais au mouvement d’une image en chacun des points où elle se stabilise provisoirement.»3

Scènes figurales : le trajet qui va d’une subjectivité archéologique à une subjectivité cartographique.

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-Le corps masqué est autant possiblement moi qu’il est possiblement autre, autant le singulier que le commun

-Deux mécanismes à l’oeuvre : dissipation de la souveraineté individuelle et neutralisation des mécanismes de symbolisation collectifs (masse non définissable car poreuse. Black bloc = flics nazis, militants de gauche, autant de possibilités d’identités fondues dans une masse noire)

-Le sujet se laisse déborder par un processus collectif dont il est à la fois dehors et dedans. = recouvrement et distanciation

-Je - on / on- nous / je -nous

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Aiôn […] le temps indéfini de l’événement,

la ligne flottante qui ne connaît que les

vitesses, et ne cesse à la fois de diviser

ce qui arrive en un déjà-là et un pas encore-là,

un trop-tard et un trop-tôt simultanés,

un quelque chose à la fois

qui va se passer et vient de se passer.

           Les oiseaux libres ne souffrent pas qu'on les regarde. Demeurons obscurs, renonçons à nous, près d'eux.

               Les Matinaux, René Char

Performance 1

 

Un groupe de trente à cinquante personnes déguisées en léopards se tiennent en une masse dense.

Les déguisements ne sont pas les mêmes pour tout le monde : certains sont maquillés, d’autres portent des masques, d’autres encore portent des vêtements.

Au milieu de ce groupe, un danseur fait une performance de krump. Le danseur n’est pas déguisé..

Performance filmée en plongée.

ANONYMAT

Qui n’a pas de nom - qui n’a pas encore de nom - qui cache son nom

 

Deuleuze opposait à Levinas une dimension plurielle du visage : c’està-dire de manières de faire visage : par l’emploi de masques, de peintures, de tatouages ; par l’intermédiaire aussi, de mimiques faciales, de manières de porter le regard...

 

Évolution historique de la notion d’identité4 :

rappel de la persona à Rome le masque de cire mortuaire des ancêtres de la noblesse, comme seule manière de rappeler l’appartenance à une famille et un groupe social. La personne est définie par ces contours extérieurs.

 

Les système de surveillance et de fichage de criminels se sont diffusés en système de fichage des populations. C’est l’identité biométrique.

 

Le visage est percu de deux manières différentes : la persona et l’identité sociale, l’identité biommétrique comme forme fixe aux particularités physiques assurant la singularité d’un sujet objectisé.

 

Pratique de l’anonymat

-Empêcher toute identitification étatique par l’usage du quelconque. Être masqué  en rassemblement est interdit depuis le 20 Juin 2009.

-Considérer le fait d’être masqué comme le processus d’appropriation et de distanciation du sujet à son identité : le sujet masqué peut retrouver la possibilité d’un écart à soi à partir duquel il peut se considérer comme singularité.

-Définir le corps et l’identité non plus comme une unité, mais plutôt comme un foyer d’attachements et une multiplicité d’affects. / l’individu n’est pas défini en tant que forme finie objectivée mais en tant que somme de relations.

-Possibilité de se laisser s’affecter par autre chose que soi

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RÉFÉRENCES

 

1«visagéification» Deuleuze et Guattari : processus d’assignation et de surdétermination des significations, qui revient à interpréter la diversité des formes, phénomènes, « intensités » visibles, comme l’expression unifiée – et normée – d’une subjectivité. Elle fige et ferme la puissance polysémique du visible, en l’indexant à une unité transcendante (le sens, le sujet), en la soumettant à un principe explicatif global dont il n’est, du même coup, que la surface de réflexion redondante.

 

2 Paul Ricoeur Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.

 

3 Evelyne Grossman La défiguration. Artaud – Beckett – Michaux, Paris, Minuit, 2004, p. 114-115

 

4 Agamben «Identité sans personne»  2009

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Tout nous incline, en Occident, à voir dans une personne une personne, dans une image une image, dans une ville une ville. C’est une erreur. Une perception fine du réel décèle dans une personne le chaos de forces, le bricolage de pièces en tension, les co-appartenances contradictoires, les fragiles agencements, les flux noués, les démons et les points d’irréductibilité que recouvre opportunément l’apparence extérieure, posée du sujet […]  L’hétérogénéité constitutive du réel se donne à nous sous le masque de l’unité, de l’unité homogène. Pour la perception superficielle, le masque est le réel même. Tomber le masque c’est prendre le risque du vertige.

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Moses Dobruška, préface à Josep Rafanell i Orra, Fragmenter le monde, Paris, Éditions Divergences, 2017, p.18-19

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